En cette cérémonie de remise des bourses de 3ème cycle en Droit, octroyées par la Fondation Kéba MBAYE, je suis très honoré de prendre la parole au nom des bénéficiaires.
Permettez-moi donc de rendre grâce au tout puissant.
Malheureusement les mots sont capables de traîtrise c’est lorsqu’on a plus besoin d’eux qu’ils manquent souvent au rendez-vous. Tout de même je pense pouvoir réussir à dire ceci « Merci ». Merci à la fondation Kéba MBAYE pour l’octroi de ces bourses. Merci de nous avoir choisi parmi tant d’autres candidats. Comme le disait Amadou Hampaté BA dans l’étrange destin de Wangrin « quelle que soit la valeur d’un présent fait à un homme, il n’y aura qu’un mot pour témoigner la reconnaissance inspirée par la libéralité, et ce mot c’est merci ».
Vous avez compris très tôt que les chercheurs sont toujours confrontés à des problèmes de toutes sortes liés notamment aux recherches documentaires, aux visites sur le terrain, et autres travaux nécessaires pour la réalisation de leurs œuvres scientifiques. Soyez-en félicités et remerciés car vous participez constamment à l’amélioration de la qualité de la recherche scientifique et technique.
Mais sachez que tout ce que vous faites est un investissement rentable car Victor Hugo après avoir visité un bagne avait dit ceci : « chaque enfant qu’on enseigne est un homme qu’on gagne. Quatre-vingt-dix voleurs sur cent qui sont au bagne ne sont jamais allés à l’école une fois. Et ne savent ni lire, ni écrire et signe d’une croix.
C’est dans cette ombre là qu’ils ont trouvé le crime. L’ignorance est la nuit qui commence l’âbime, où rampe la raison l’honnêteté périt ».
Merci encore une fois pour tout ce que vous faites pour l’éducation. En plus, fierté ne peut être plus grande pour les jeunes chercheurs que nous sommes, d’avoir la chance fut-elle une fois de voir notre carrière empreinte du Sceau de cette Fondation, Feu le Président Kéba MBAYE, Juge émérite dont la vie a été marquée sans discontinuité d’actes positifs et progressistes.
Ainsi permettez-moi avant de clore mes propos de reprendre quelques passages du discours du juge feu Kéba (paix à son âme) prononcé lors de la leçon inaugurale donnée à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar le 14 décembre 2005 en guise d’hommage.
« Il faut aujourd’hui, qu’à travers le diagramme de l’éthique, soit aussi examinés avec soin, non seulement les sciences et les technologies, mais également les pouvoirs étatiques : exécutif, législatif et judiciaire, l’éducation, la conduite de l’étudiant, le rôle de l’enseignant, la fonction d’administrateur, les activités économiques des secteurs primaire, secondaire et tertiaire, la politique en général, le combat pour le pouvoir, la gouvernance, les rapports entre les différents membres de la scène politique, les relations entre gouvernants et gouvernés, le comportement de ces derniers, la communication, la famille, le voisinage, le sport, la culture, les relations internationales, les rapports entre pays riches et pays pauvres et d’une façon générale,…, l’ensemble des activités et du comportement des hommes pris individuellement ou collectivement, mais aussi des Etats, c’est à dire de leurs représentants ».
« Si je préconise cette réflexion générale approfondie et permanente », poursuit-il « c’est parce que, pour qui se donne la peine d’observer la société humaine de notre époque, nous sommes sur le chemin d’un monde sans éthique ; d’un monde dans lequel la conduite des hommes, en dehors de toute considération éthique, est guidée par l’argent, le pouvoir, la force et la « place »,….Il me semble qu’il y a des remèdes appropriés pour le prévenir ou le guérir ; j’en identifie trois :
– Eriger certaines règles éthiques fondamentales en obligations erga omnes ;
– subordonner la loi aux commandements éthiques et la fonction de juger au seul droit ;
– légiférer dans tous les domaines pour imposer aux administrateurs comme aux administrés, des comportements éthiques ».
« Alors, debout, comme dit notre hymne, pour bâtir un Sénégal uni autour du travail, de l’éthique et de l’intérêt général. C’est un choix fondamental. On ne paraît plus ringard en le préconisant.
Je le préconise nous précise-t-il.
« Je ne serai peut-être plus de ce monde quand surviendront les conséquences de ce choix, pour lequel les Sénégalais auront opté en faisant soit ce qui est éthique soit ce qui ne l’est pas. Ce jour-là, je suis sûr qu’ils diront en eux-mêmes: « et pourtant le père Kéba, avant de partir, nous avait avertis ».
Et d’outre-tombe, je leur répondrai, selon le choix qu’ils auront eu à faire, suivant le cas, heureux : « c’est bien », ou, triste, mais tout de même rancunier : « après tout, vous l’avez voulu » ».
Mesdames et messieurs, honorables invités.
Cette leçon inaugurale doit être la feuille de route de tout un chacun pour un développement durable et pérenne, pour une vie sociale apaisée, pour un monde meilleur.
Cher Fondation Kéba MBAYE, Soyez rassurer que nous honorerons sans réserve notre engagement. A l’unanimité nous avons fait le serment de traduire votre générosité en acte concret nous permettant de réussir un challenge : déposer tous dans les délais un travail scientifique digne de ce nom afin de servir de références aux futurs lauréats pour enfin apporter notre partition aux nobles missions de la fondation.
La palme d’or des remerciements revient aux membres de la Fondation et leurs partenaires mais aussi aux invités dont leur engagement se justifie par leur présence parmi nous.
Pour finir, nous, nouveaux bénéficiaires de la bourse d’excellence de la fondation Kéba MBAYE, tenions personnellement à vous faire entendre toute notre gratitude et vous réitérons nos vives félicitations pour le brillant travail d’accompagnement jusque-là accompli.
Merci de votre aimable attention.