KEBA MBAYE 1924 -2007
Il était une fois un jeune garçon nommé Kéba,
Parti de son Saloum natal à la conquête du monde.
Il avait pour objectif le succès au bout de l’effort et comme unique et principal moyen pour arriver à ses fins la recherche de la connaissance et le travail bien fait.
A cet égard, l’image qui traduit le mieux la trajectoire intellectuelle de notre illustre parrain est celle d’un homme épris de son rôle et de ses responsabilités.
Qui était Kéba Mbaye ?
Kéba Mbaye était à la fois un juge, un juriste et un Professeur.
Juge, c’est son statut professionnel pour lequel il s’est investi et s’est fait connaître. Il fait partie des bâtisseurs de l’institution judiciaire au Sénégal et son nom reste à jamais attaché au statut de la magistrature. Ainsi a-t-il occupé les fonctions judiciaires les plus prestigieuses, celle de Premier Président honoraire de la Cour suprême du Sénégal. Dans ce cadre, il a exercé les plus hautes fonctions judiciaires auxquelles un juge peut prétendre, notamment celle de Juge et Vice-Président de la Cour Internationale de Justice (1982-1991) et de Président du Conseil constitutionnel du Sénégal (1992-1993).
Juriste, il ne se contente pas d’appliquer le droit comme l’exige un bon juriste mais aussi et surtout il participe activement à son élaboration et à son explication voire à sa diffusion. A cet effet, il a contribué et participé de façon positive et dynamique à l’élaboration du Code civil sénégalais, à la rédaction de la Constitution du 7 mars 1963, du Code électoral consensuel de 1992, à la rédaction de la Charte Africaine des droits de l’Homme et des Peuples, à celui du Code d’éthique du Comité international Olympique, au Traité de l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaire OHADA et la liste est loin d’être exhaustive.
Professeur, il fut chargé d’enseignements à la faculté des droits de l’Université de Dakar (devenue Université Cheikh Anta DIOP) et à l’Ecole nationale d’administration et de Magistrature (E.N.A.M), dont une partie est devenue aujourd’hui le Centre de formation judiciaire. Membre de la doctrine, il est l’auteur d’importantes publications scientifiques. Plus de cents articles, communications, contributions et textes de conférences ont été répertoriés.
Ainsi a-t-il participé à de nombreux colloques, conférences, contribué aux Mélanges offerts à d’éminents intellectuels (René Jean Dupuy, Boutros-Boutros Ghali, Manfred Lasch, Fédérico Major, etc.). Ce qui témoigne de sa haute stature intellectuelle fréquentant les grands esprits à l’instar de Paul Ricoeur, Raymond Aron, Hubert Marcuse, Ignacy Sachs, Mouhamed Bedjahui, Robert Badinter et tant d’autres. (cf. « Le droit en déroute », in La liberté et l’ordre social, Textes des conférences et des entretiens organisés par les Rencontres Internationales de Genève, 1969, pp. 11-40.)
Dans ses relations avec la chose publique, la conduite du juge est exemplaire : Etre au service de l’Etat est un immense sacerdoce. Il est fait d’abnégation, de privation et de sacrifice.
Mais lorsqu’on se sert de l’Etat pour la satisfaction des besoins purement matériels et personnels, la recherche du profit prend le dessus. On ne récolte que le mépris de ses semblables (Voir Leçon inaugurale, « L’Ethique, aujourd’hui. »).
Le juge Kéba Mbaye, montre fait partie indubitablement de « ceux qui ont mené une vie utile pour leurs semblables » (André Malreau).